Des fiefs et un financier
Certaines parties du territoire de Fontenoy constituaient des fiefs. Ainsi, sous l’église, le fief des Mardansons était en tenure directe du Comte de Soissons puis fut loué, en 1518, à Jehon de Vassens puis à Florent Mathon… Avant d’être divisé en deux afin d’être vendu à des vignerons de Fontenoy en 1583. Cette maison couverte de chaume, ces jardins, vignes et prés furent ensuite cédés à Warel de Beauvoir en 1752 dont la fille épousa Godart de Rivocet. Cette dernière famille étant devenue propriétaire de la terre, elle construisit un château en 1868, château qui fut totalement détruit en 1918.
Au hameau de Port, en 1539, les abbés de Saint-Médard reconnurent un fief à Sanson de Renty écuyer, dont la famille habita Fontenoy pendant 250 ans. Puis le fief passa à la famille Le Bossu dont Antoine, seigneur en 1691, vendit « Champêtre » à Michel Heuslin en 1692, un Michel Heuslin qui devait toujours rendre hommage à l’abbé. Receveur de plusieurs abbayes, secrétaire de l’intendant Machault de Soissons en 1675 puis secrétaire conseiller du roi, Heuslin était un grand financier qui se vit confier la perception des impôts moyennant des avances consenties au roi. Très riche, il fit construire un château au Port à partir de 1706, il acheta des parcelles, agrandit le parc pour y faire creuser un grand canal, acquit des terres à Berry, Roche, Vingré ainsi que la ferme de La Tour à Fontenoy. A sa mort en 1709, il fut inhumé dans l’église et laissa bien des dettes à son épouse, Elisabeih Jourland, qui dut mettre le domaine en adjudication.
En 1720, les propriétés de Heuslin furent vendues pour 300 000 livres à la marquise de Locmaria, une jeune beauté issue d’une famille bretonne et qui avait été veuve à 20 ans. Remariée à Lambert, marquis de Saint Bris, elle mit un gérant sur le fief Champêtre et Nicolas Le Niais s’occupa de l’affaire jusqu’à la mort de la marquise en 1736. En 1755, les héritiers Lambert vendirent alors la belle propriété à Louis Godart de Vingré pour 165 000 livres.
Une importante activité agricole
Quant au fief de la Barre, il se trouvait prés de la ferme de La Tour et celle du Gros Four, sous l’église et près du lavoir. Lui aussi devint la propriété de Heuslin puis de la marquise de Locmaria qui loua Gros Four à Rémy Legrand en 1720 avant que cette ferme ne soit réunie à celle de La Tour en 1727 ce qui en fit une belle propriété de 38 muids, 5 esseins et 36 verges soit environ 160 hectares.
Alors que le pays avait connu la famine en 1660 et la peste en 1668, l’agriculture fut très prospère au cours du XVIIIème siècle. En plus de l’extraction de la pierre, une grande activité régnait avec pour une grande part la culture du froment complétée par le méteil, le seigle et l’élevage de près de mille moutons. Sur les coteaux, les vignobles s’étalaient au soleil et produisaient une piquette tout en donnant de l’ouvrage au pressoir du Port et aux artisans tonneliers. Dans la vallée et près des maisons, les jardins et prairies étaient proches de la rivière où la pêche était affermée. Aussi le village ne comptait pas moins de treize charrues dont quatre à la seule Ferme de La Tour.
A Châtillon, situé sur le rû de Fouquerolles et alimenté par un étang d’un hectare, le moulin écrasait le grain. Appartenant à l’abbé de Saint-Médard, il fut loué à un fermier Claude Ruelle puis vendu à Michel de Renty en 1596 avant d’être repris par l’abbé en 1676. En 1727, l’abbé loua le moulin à François Debrie pour un bail de 500 livres. 6 canards et 4 chapons avec droit de pêche contre un plat de poissons pour l’abbé à chaque pêche. Mais le 18 novembre 1730, le pauvre meunier connut un triste sort puisque son corps, blessé à la tête, fut retrouvé dans l’étang. Un assassinat qui resta bien mystérieux !
Fontenoy qui relevait de la généralité et de la maréchaussée de Soissons, avait déjà des « maires » comme Louis Osselin en 1539 qui n’étaient que des auxiliaires de justice des abbés de Saint-Médard. Par contre, l’administration de la communauté était confiée au syndic qui réunissait les villageois à la sortie des offices religieux pour gérer les biens communaux, les prés, les marais, entretenir l’école où Sulpice Roger était maître en 1787, le presbytère, l’église, payer le pâtre communal et venir en aide aux 40 pauvres de la commune. Au fil des années, Louis Legrand en 1610, Charles Béguin en 1627, Jean Taquoi en 1739, Pierre Rabeuf en 1763… travaillèrent pour le bien public avant que Simon Paul Béguin, qui avait été désigné en 1788, n’ait la lourde tâche de diriger Fontenoy aux premières heures de la Révolution 1.