À la Révolution, contrairement à Paris et aux grandes villes, Fontenoy ne vécut pas d’événements importants et cette période se déroula dans un calme relatif. Certes, les anciennes bases administratives furent totalement remises en cause et le village, qui connaissait enfin la liberté, dut se doter d’une municipalité.
Alors que Nicolas Gervais Dupressoir et François Maillard avaient représenté la paroisse aux réunions du bailliage pour l’établissement des cahiers de doléances et l’élection des députés aux États Généraux en mars 1789, Simon Paul Henri Béguin, jusque-là syndic, fut nommé premier maire de la commune de Fontenoy jusqu’aux élections ordonnées en 1790 par l’Assemblée constituante. Les 85 citoyens actifs (ceux qui avaient le droit de vote parce qu’ils payaient suffisamment d’impôts) représentant les quelques 500 habitants élurent Nicolas Dupressoir. L’une des premières tâches de la municipalité fut d’établir les rôles pour percevoir les contributions, une affaire, confiée à des agents locaux, qui traîna en longueur si bien que le district de Soissons fut contraint de nommer des commissaires en 1790 puis en 1793, comme le sieur Létoffé, instituteur à Nouvron.
Des querelles pour les limites
Il faut dire que, avec la réorganisation administrative, rien n’était clair. Ainsi, Fontenoy et Berny-Rivière se querellèrent au sujet des limites de leur terroir et les commissaires envoyés successivement par le district de Soissons, comme Giroux de Mortefontaine, Dorchy et Roguin de Vic, Milan de Tartiers… ne purent faire entendre raison aux deux parties. Il fallut attendre le 25 février 1794 pour que l’administration municipale du canton, constatant les difficultés pour établir les contributions, fixe d’autorité les limites des deux communes. Les mêmes problèmes se posèrent d’ailleurs pour la constitution des cantons. Ainsi, les différents projets présentés proposèrent de placer Fontenoy dans le canton de Soissons, puis de le nommer chef-lieu à la place de Vic que l’on retrouvait dans le département de l’Oise. Mais, le 12 avril 1790, François d’Abbencourt, attaché au comité de constitution du département, plaça Fontenoy dans le 11ème canton, celui de Vic, tandis que Cœuvres était chef-lieu du 10ème.
Si les biens du clergé mis en vente comme biens nationaux furent souvent vendus à de riches bourgeois des villes, les paysans de Fontenoy, eux, réussirent à acheter ceux mis en adjudication dans la commune. Ainsi, le sieur Déhut devint propriétaire de 62 esseins ayant appartenu à l’abbaye Saint-Paul ; le 11 octobre 1791, Dupressoir acheta la maison aux linges de Port et, le 29 septembre 1792, le moulin de Châtillon fut adjugé à Quentin Lefèvre.