Village pittoresque du Soissonnais et du canton de Vic-Sur-Aisne, Fontenoy se situe sur la rive droite de l’Aisne à environ dix kilomètres à l’ouest de Soissons. Fontenoi en 1224, Fontenetum en 1316 ou encore Fontenois en 1706, ce village tient certainement son nom de “Fontaines” à cause de la présence de nombreuses sources qui jaillissent au flanc du plateau calcaire dominant la vallée d’une centaine de mètres.
Sur les 856 hectares du territoire communal coulent plusieurs ruisseaux notamment le Rû de Tartiers, grossi de la Pissotte venue de Nouvron, qui arrose l’écart de Châtillon à l’est et le Rû de Vaux qui prend sa source au Guessot à l’ouest. Tous deux vont se jeter dans la rivière Aisne qui serpente au sud du village et du hameau de Port et qui reçoit le Rû de Retz sur sa rive gauche.
Comme les villages proches les origines de Fontenoy doivent remonter à la préhistoire lorsque nos ancêtres habitaient les creuttes des coteaux. Certaines pièces de monnaie trouvées sur le plateau, comme des sarcophages exhumés à l’ancien cimetière, laissent penser que Fontenoy faisait partie des Suessionnes, peuple civilisé de la Gaule qui dominait le Soissonnais.
Mais la région dut connaître un regain d’activité sous l’Empire Romain grâce à la présence d’un important camp militaire à Arlaines. Situé à l’embranchement des voies reliant Reims, Soissons à Noyon et Calais (voie traversant la rivière à Vic) et à Beauvais (voie longeant le sud de Ressons et Montigny), ce camp formait un rectangle de 280 mètres sur 175 avec pour rempart un mur large d’environ 1,85 mètre. Construit pour la cavalerie entre 20 et 40 après J.-C. ce camp militaire romain et l’aile Voconces, après une exploration superficielle menée par l’abbé Pêcheur en 1851, furent l’objet d’une fouille dirigée par M. Réddé du CNRS qui permit de mettre à jour, entre 1976 et 1984, les Principia (bâtiments de commandement), la porte nord, les thermes… et des traces d’habitations et du dépotoir au nord, c’est-à-dire vers le hameau du Port qui était alors traversé par une voie secondaire allant vers Pont-Auger à Morsain pour rejoindre la voie de Noyon.
Le domaine des abbayes
Sous les Mérovingiens, le territoire de Fontenoy appartenait au Royaume de Soissons avant que Charlemagne n’en fasse don, avec celui de Vic, à l’abbaye Saint-Médard de Soissons au IXème siècle. Ainsi, l’abbé de Saint-Médard fut seigneur des terres de Vic et Fontenoy jusqu’à la révolution. Résidant souvent au château de Vic, l’abbé exerçait donc ses droits de justice et de cens sur son domaine de Fontenoy dont certaines terres appartenaient cependant à d’autres religieux comme l’évêque de Soissons, la chapelle Notre-Dame de la même ville, les abbayes de Saint-Paul, Saint-Léger, Valsery, le chapitre de Notre-Dame des Vignes, des fabriques dont celle de l’église du village… A Port, les Dames de la Congrégation possédaient une grande maison « des marchés aux linges » en bordure de l’Aisne et elles entrèrent en conflit vers 1778 avec les laboureurs qui abîmaient leur mur en venant laver leurs bêtes à la rivière. Toutes ces terres et les fermes attenantes étaient le plus souvent louées à bail à des paysans et laboureurs du pays.